Le lieu des négociations – espace en relations
Le projet Le lieu des négociations – espace en relations est conçu comme un seuil qui pointe vers un espace vécu, l’importance des attachements, une ouverture vers le milieu et les vivants qui partagent ce territoire. Il permet de poser la question du territoire où cohabitent des présences, souvent contradictoires, pour introduire, sentir, discuter la nécessité de nouvelles formes de compositions, entre les humains et mais aussi entre les humains et les autres qu’humains.
L’intitulé du projet, l’usage des mots « négociations » et « relations », est bien entendu lié à la littérature dont s’entoure le programme, de B. Latour à D. Haraway, d’A. Tsing à B. Morizot, de V. Despret à M. Macé, parmi beaucoup d’autres autrices/auteurs. Mais plus concrètement, son origine est aussi à trouver dans les mots employés par plusieurs des interlocuteurs rencontrés lors du travail de terrain. Ceux de Damien Hémeray par exemple, Conservateur de la Réserve Nationale de Saint-Mesmin, ont marqué l’équipe. Lors de séances d’arpentage avec lui, il a insisté sur les caractéristiques de cet espace protégé au milieu d’un espace urbain, sur la nature de son travail qui consiste pour beaucoup à composer, être dans une position médiane, à la fois déterminée et ouverte, vis à vis des puissances publiques, des riverains de la réserve, des services de l’Etat, des collectivités, d’Enedis pour les lignes électriques, des différents publics rencontrés… Les mots « relation » et négociation » ont été prononcés à plusieurs reprises.
Le scénario d’usages, créant des mises en situation, avait été élaboré à partir de quelques lignes directrices dégagées par l’équipe :
– nécessité de concevoir de manière légère, réversible, eu égard aux contraintes urbanistiques et au sens du projet (imaginer des usages sans sur-déterminer les actions),
– se concentrer sur des usages humains, sans vouloir singer la place des autres qu’humains. Le principe est de favoriser une interaction, une attention possibles aux présences, promouvoir la discussion et le partage,
– s’appuyer sur des usages ou des activités pour certains déjà existants, et sur des « activateurs » qui puissent s’adresser à des publics dans le cadre de leurs actions : Loiret Nature Environnement (gestionnaire de la Réserve), Ville de La-Chapelle, associations actives dans les domaines éducation/environnement, MOBE (Muséum Biodiversité Environnement)…
En ce sens, le dispositif n’est pas un outil de médiation à strictement parler, mais un vecteur qui crée les conditions de discussion, de partage et permet une médiation par les activateurs qui s’en saisissent. C’est en se tournant vers des acteurs du territoire que le projet peut être mis en action.
C’est d’ailleurs pourquoi, une fois le travail de conception et de mise en oeuvre avancé, ces acteurs ont été consultés à l’occasion d’entretiens menés par les étudiants, pour questionner la proposition et sa pertinence depuis leur point de vue d’élus, de techniciens, de conservateurs, d’acteurs culturels (voir 2. Journal de terrain).