Recherches mises en forme

Scénario d’usages
Redéployer notre relation au vivant implique de « négocier des formes de vie commune » comme l’indique le philosophe Baptiste Morizot. Dans cette perspective, le site de Gobion, utilisé aujourd’hui par la commune de La Chapelle-Saint-Mesmin pour l’accueil estival d’enfants et de jeunes adolescents en centre de loisirs, pourrait constituer un point d’entrée vers cette mise en relations.

La recherche de scénarios d’usages permet de mettre en exergue les différents éléments d’un programme destiné à ressentir (voir, entendre, toucher, etc.), prendre conscience des interdépendances, engager une réciprocité, favoriser les conditions d’une diplomatie. Sous le chapeau « habiter » le milieu, les termes s’immerger, renverser l’attention, décentrer le regard, comprendre les altérités, jouer les intermédiaires, créer une porte d’entrée vers le milieu, ont nourri le choix d’une réflexion sur une micro-architecture, qui apparaît dès lors comme un vecteur possible.

Le scénario retenu s’est donc construit sur l’hypothèse d’une pluralité d’usages individuels ou croisés : le bivouac, le module d’attention, l’écoute d’une pièce sonore, le rassemblement festif, la réunion de travail. Cette étape s’est faite en allers-retours avec une première production de dessins de concepts et de formes possibles. Certains des usages projetés existent déjà sous certaines formes, mis en oeuvre par certains acteurs dans la métropole. Il s’est donc agit pour chacun d’explorer de façon transversale les activateurs, les publics, les situations et les temporalités potentiels de ce dispositif.

Des esquisses pour une micro-architecture
Le projet a été développé sous la forme de trois esquisses, en dessins puis en volumes (maquettes), amorces de l’élaboration du projet de design. Ces mises en forme possibles de la micro-architecture reprennent les usages évoqués par le scénario permettant de bivouaquer, se mettre en situation d’attention, être à l’écoute, se réunir, se rassembler avec pour horizon de tisser des liens pour faire monde commun.


La première esquisse repose sur un principe unitaire ; dans le dessin d’une plateforme, elle fait place à un arbre au même titre que les autres usagers humains.
La seconde esquisse est pensée comme modulable en fonction des besoins qu’impliquent les usages ; elle privilégie un rapport étroit du corps au sol.
La troisième esquisse est éclatée en différents éléments sur une partie du site ; elle se propose comme un seuil et une ouverture vers le milieu.

Il s’agit bien, non de construire, mais de s’interroger sur la pertinence du faire puis sur les moyens à adopter. La nature du site de Gobion (inconstructibilité, zone inondable) autant que la volonté d’intervenir de manière légère, conduisent à envisager un dispositif réversible comme une des conditions premières. Sur ces questions, les étudiants ont mené des recherches préalables : histoire du Chemin des Grèves à travers le temps et développement de l’emprise urbaine, règles d’urbanisme très spécifiques à cette partie du territoire métropolitain, documentation sur les formes et principes d’habitats traditionnels :

Le travail s’est donc développé à l’échelle de l’espace, en tenant compte de l’analyse préalable du site et du périmètre d’étude. Les outils du dessin, de la maquette, des mises en situation ont été utilisés pour mettre en forme des situations d’usages, composer des espaces, relativement au scénario élaboré et à l’objectif de faire parler le milieu. Ces recherches ont permis de retenir des principes quant aux matériaux, aux savoir-faire qui seraient convoqués et qu’il sera nécessaire d’explorer par une expérimentation spécifique. Elles ont été testées sur site par des gabarits d’implantation, pour donner une première mesure de la relation à l’espace, aux vivants en présence, aux corps humain, etc.