« Faire avec le milieu », deux journées organisées par le programme Liga – cohabiter avec le fleuve,
les jeudi 17 et vendredi 18 novembre 2022 à l’ESAD Orléans et au MOBE
Dans le cadre de ses activités 2022-2023, le programme Liga s’intéresse au principe de « faire avec le milieu » en se concentrant sur les notions de matières/matériaux, de savoir-faire, de terrain par le biais de l’expérimentation. L’enjeu est de considérer le milieu autrement que comme une réserve inerte, de le révéler à travers les matières, leurs transformations par des dynamiques végétales, animales, minérales, etc. Au-delà d’être une ressource, il est question de considérer leur nature vivante, parfois hybride dans leur dimension anthropique, leur potentiel immatériel en terme de récit. Ces deux journées font appel à des démarches de plasticien.nes qui mettent en oeuvre des protocoles de création spécifiques, des scientifiques et des acteurs de terrain qui développent des connaissances propres au milieu alluvial. La présentation de leur travail, qui laisse une part importante aux échanges et discussions, est destinés à nourrir les recherches en cours des étudiants.
Jeudi 17 novembre
Intervention de Noémie Sauve, artiste
Artiste autodidacte, dessinatrice et sculptrice, Noémie Sauve s’emploie à dresser une iconographie plastique des fantasmes de l’époque contemporaine ou du passé, autour de la domestication (des éléments, de l’animal et du paysage), à travers l’exploration des formes comme à travers celle des matériaux. Elle collabore régulièrement avec des spécialistes divers (ingénieurs en biologie, vulcanologues, taxonomistes, etc.) et s’applique à valoriser la complexité du vivant et ses actions comme principe d’autonomie fondamentale.
Projets récents :
résidence d’artiste Tara Pacific, Fondation Tara Océan & Agnès b, 2017
projet art et science, Île Vulcano (Sicile), The Possible Island, 2021
création du Fonds d’Art Contemporain Agricole de l’association Clinamen (FACAC)
exposition collective Le Monde Sinon Rien, commissariat : Sophie Pène et Benjamin Graindorge, Biennale internationale du design, Cité du design, Saint Etienne, 2022
exposition personnelle Le ravitaillement, Lieu d’art et de pratiques rurales, Gavray-sur-Sienne, 2022
https://noemiesauve.com/
Rencontre avec Michel Binon, conservateur au MOBE
Entomologiste, Michel Binon est conservateur et responsable des collections du MOBE. L’échange se déroulera dans les espaces du Muséum « Mécaniques du vivant », « Paysages », « Le 4 Tiers », en relation directe aux collections exposées. Il portera plus spécifiquement sur les interactions humains/non humains propres au milieu Loire, à l’échelle métropolitaine de la Loire moyenne orléanaise. Il soulignera leurs enjeux, les dynamiques à l’oeuvre au cours du XXè siècle et actuellement, en s’appuyant sur les données et observations scientifiques récentes.
https://www.orleans-metropole.fr/culture/musees-expositions/museum-dorleans-pour-la-biodiversite-et-lenvironnement
Projection du film La ligne de partage des eaux
de Dominique Marchais, documentariste
D’abord critique de cinéma, Dominique Marchais est le réalisateur de plusieurs films documentaires. Avec une démarche d’auteur, il mène à travers ses différents projets une réflexion sur le paysage, ses compositions/recompositions permanentes sous l’effet de l’activité humaine ; Lenz échappé (2003), Le temps des grâces, (2010), La Ligne de partage des eaux (2014), Nul homme n’est une île (2018).
La Ligne de partage des eaux s’inscrit dans le périmètre du bassin versant de la Loire, de la source de la Vienne sur le plateau de Millevaches jusqu’à l’estuaire. Le bassin versant, et non pas le fleuve Loire ! C’est-à-dire le plan inclinée vers la mer, la totalité de l’espace irrigué, pas seulement le trait de la rivière. C’est-à-dire les zones d’activités et les zones humides, les fossés et les autoroutes, les salles de réunions et les chantiers. Car l’eau est partout, dans les sols, dans les nappes, dans l’air, circulant, s’infiltrant, s’évaporant et partout reliant les territoires entre eux, désignant leur interdépendance, nous faisant rêver à leur solidarité. La ligne de partage des eaux n’est donc pas seulement cette ligne géographique qui sépare des bassins versants mais elle est aussi la ligne politique qui relie des individus et des groupes qui ont quelque chose en partage : de l’eau, un territoire, un paysage.
La ligne de partage des eaux, 2014, 1h48, Production Zadig, distribution France Les films du losange,
https://filmsdulosange.com/film/la-ligne-de-partage-des-eaux/
Vendredi 18 novembre
Conférence de Bruno Marmiroli, architecte et directeur MDVL
Créée en 2002, la Mission Val de Loire est un syndicat mixte interrégional porté par les Régions Centre-Val de Loire et Pays de la Loire. Elle joue un rôle de coordination pour l’État, les collectivités et tous les acteurs du site Unesco Val de Loire patrimoine mondial. Membre du projet de parlement de Loire porté par le POLAU, la Mission travaille sur les questions liées aux patrimoines matériels et immatériels du contexte ligérien, en explorant la question des attachements et des formes de récits possibles. C’est plus précisément sur ces questions de savoirs et savoir-faire anciens, réactivés, potentiels, à partir de l’observation et de l’écoute du milieu, des enjeux de transmission et de représentations, que portera le propos de Bruno Marmiroli.
https://www.valdeloire.org/
Intervention de Lucie Ponard, designer
Diplômée de l’Académie royale de La Hague et de la HEAR Mulhouse, Lucie Ponard développe un travail de designer produit et textile qui se concentre sur la notion de durabilité et la recherche matériaux. La prise en compte du lieu, de la localité est un aspect important de son travail. Elle s’attache à explorer les paysages et les matériaux qui l’environnent et qui ne sont pas considérés comme ayant une valeur. Elle cherche ainsi des voies alternative pour le design, utilisant ce qui est déjà présent. Cela l’amène à avoir une approche transdisciplinaire, essayant de relier des savoirs et savoir-faire tels que ceux des scientifiques ou des artisans. Elle mène une recherche qui croise les matériaux et le terrain, en utilisant le dessin, l’expériemntation matériaux, ainsi que la réflexion théorique comme une colonne vertébrale dans la façon de travailler.
Projets récents :
Lauréate du Fonds de production artistique Enowe-Artagon, 2022
Exposition collective Séries limitées, Paris design week, Pavillon de l’Arsenal, 2022
Terres émaillées, lauréate de la bourse FAIRE PARIS, Pavillon de l’Arsenal, 2021
Démêler les histoires dans les couches de la terre, 2021
Aucune trace ne reste, 2020
Les couches de temps, 2019
https://lucieponard.com/
Présentation et projection vidéos de Suzanne Husky, artiste
Formée en paysagisme et en agroécologie, Suzanne Husky développe une pratique artistique qui d’une part observe les formes de dominations sur le vivant et leurs interconnections, mais est aussi force de propositions. Peut-on « œuvrer avec la terre » plutôt que lutter contre ? Peut-on amplifier nos environnements, comme nous l’enseigne le peuple castor ? Ses œuvres peuvent prendre la forme d’un sol aggradé (régénéré), d’un·e jardin-forêt, de la recherche des savoirs de la terre présents dans les contes ou d’une tapisserie sur les oiseaux et la pédogenèse (processus qui aboutissent à la formation des sols). Elle créé en 2016 avec Stéphanie Sagot Le Nouveau Ministère de l’Agriculture, une institution fictive qui tend à démasquer les absurdités des politiques agricoles françaises et propose des solutions concrètes pour sortir d’un modèle de société extractiviste.
Suzanne Husky présentera en visio-conférence deux de ses films récents sur la figure du castor comme « ingénieur » du milieu qui concourt à sa diversité et sur des humains qui s’en inspirent pour amplifier les zones ripisylves.
Barrages, 32mn, 2022. Co-création Cristina Valverde
Le son d’une nouvelle cascade, 30mn, 2022
https://reseau-dda.org/fr/artists/suzanne-husky
https://www.suzannehusky.com/